Tracking server side : maîtriser les données tout en respectant la confidentialité
Avec la montée en puissance des réglementations sur la confidentialité (RGPD, CCPA…) et la disparition progressive des cookies tiers, les entreprises sont confrontées à un défi de taille : suivre efficacement les interactions des utilisateurs tout en respectant leur vie privée. C’est là qu’intervient le tracking server side.
Souvent perçu comme une alternative plus sûre et plus fiable au tracking traditionnel basé sur le navigateur, le tracking côté serveur permet de mieux contrôler la collecte des données, de garantir leur confidentialité et d’améliorer la précision des campagnes marketing. Mais comment ça fonctionne réellement ? Et comment le mettre en place de façon optimale sans risquer d’impacter l’expérience utilisateur ?
Qu’est-ce que le tracking server side ?
Contrairement au tracking classique (aussi appelé client-side) qui repose sur l’exécution de scripts dans le navigateur de l’utilisateur, le tracking server side transfère la collecte et l’envoi des données vers un serveur intermédiaire contrôlé par l’entreprise.
En d’autres termes, au lieu d’envoyer directement les informations aux plateformes publicitaires et analytiques (comme Google Analytics ou Facebook Pixel), elles transitent d’abord par le serveur de l’entreprise, qui peut ensuite décider quelles données sont réellement envoyées.
Pourquoi adopter le tracking server side ?
Le passage au tracking côté serveur présente de nombreux avantages :
- Une meilleure confidentialité : en contrôlant les données envoyées aux tiers, les entreprises s’assurent qu’aucune information sensible ou inutile n’est partagée.
- Une fiabilité accrue : moins de risques de blocage par les adblockers et les restrictions imposées par les navigateurs comme Safari (ITP) ou Firefox (ETP).
- Un chargement des pages plus rapide : en réduisant le nombre de requêtes envoyées directement depuis le navigateur, on améliore la vitesse d’affichage.
- Une meilleure qualité des données : suppression du bruit causé par les bloqueurs de scripts, les problèmes de cache ou les pertes de données dues aux restrictions des cookies tiers.
Le tracking server side répond-il aux exigences de confidentialité ?
Avec des réglementations de plus en plus strictes sur la gestion des données utilisateurs, le tracking server side peut sembler être la solution miracle. Et pourtant, il faut être vigilant.
La mise en place d’un serveur intermédiaire ne signifie pas que les règles du RGPD ou du CCPA peuvent être contournées. Il reste essentiel d’informer les utilisateurs sur les données collectées, de leur permettre de donner (ou non) leur consentement, et de garantir la sécurité des informations échangées.
Par ailleurs, certaines pratiques comme le « server-side cloaking » (dissimulation des vraies données pour passer sous les radars) peuvent être considérées comme des contournements abusifs des règles de confidentialité et exposer les entreprises à des sanctions.
Comment mettre en place un tracking server side efficacement ?
Avant de foncer tête baissée dans une migration vers le tracking server side, quelques étapes sont essentielles :
- Choisir une infrastructure adaptée : il est possible d’utiliser un serveur cloud comme Google Cloud ou AWS, ou encore des services dédiés comme Google Tag Manager Server-Side.
- Définir les données à collecter : inutile d’envoyer toutes les informations brutes. Sélectionnez uniquement les données pertinentes et anonymisez celles qui doivent l’être.
- Tester avant de déployer : mettez en place un environnement de test pour surveiller si les données sont correctement envoyées et traitées.
- Respecter les régulations en vigueur : transparence et consentement restent des impératifs. Mettez à jour votre politique de confidentialité et adjustez vos bannières de consentement.
Tracking client-side vs server-side : lequel choisir ?
Faut-il totalement abandonner le tracking client-side au profit du tracking server-side ? Pas forcément. Chaque approche a ses forces et ses faiblesses.
Le tracking client-side reste plus simple à implémenter et convient aux petites structures qui n’ont pas forcément les ressources techniques pour gérer un serveur intermédiaire. Cependant, il est de plus en plus limité face aux restrictions des navigateurs et aux adblockers.
Le tracking server-side, lui, offre une bien meilleure fiabilité à long terme, mais requiert un investissement technique plus poussé. Il est donc particulièrement recommandé pour les entreprises ayant une forte dépendance aux données issues du digital marketing et du tracking analytique.
Idéalement, une approche hybride peut être une solution intelligente : utiliser un tracking client-side pour certaines interactions simples et un tracking server-side pour des données plus sensibles ou critiques.
L’avenir du tracking dans un monde centré sur la confidentialité
Avec la suppression des cookies tiers prévue d’ici peu sur Chrome et l’émergence de nouvelles régulations, le tracking côté serveur devient une alternative nécessaire pour garder une mesure précise de l’audience tout en respectant la vie privée des utilisateurs.
Il ne s’agit pas simplement d’une tendance mais bien d’une évolution logique des pratiques numériques, où les annonceurs et les entreprises doivent apprendre à jongler entre performance marketing et conformité réglementaire. Anticiper ce changement dès maintenant peut donc représenter un avantage concurrentiel stratégique.
Le tracking server side est donc une réponse aux enjeux actuels du digital. Mais sa mise en place doit être réfléchie pour garantir un équilibre entre efficacité et éthique. Alors, prêt à franchir le cap ?